S E M I N A I R E d e s M I S S I O N S
CHEVILLY-LARUE (Val de Marne)
Congrégation du Saint-Esprit (Spiritains)
Le 1er janvier 2015
est décédé à Villejuif (94)
âgé de 84 ans
Le Frère Albert, François d’Assise BERRY
Né : 10 octobre 1930 à Sérémange (57)
Profès : le 21 septembre 1960 à Piré sur Seiche
AFFECTATIONS : FRANCE : Chevilly (1960-1963 ; Triennat) ; SENEGAL :
Rufisque (1963-1970 ; Ateliers) ; Sébikhotane (1970-1975 ; économe du Gd Séminaire) ; FRANCE :
Lille/Mortain (1975-1966 ; santé) ; SENEGAL : Dakar (1976-1977) ; Econome à la Procure diocésaine) ;
MAURITANIE : Nouackchott (1977-1984 ; Procure et Caritas) ; FRANCE : Paris (1984-1985 ; Recyclage) ;
MAURITANIE : Kaédi (1985-1986 ; Caritas) ; Nouackchott (1986-1994 ; Procure et Directeur d’école) ;
FRANCE : Auteuil (1994-1995 ; Recyclage) ; Chevilly (1995- 2015 ; aumônerie/pastorale à Orly puis retraite).
Ses obsèques seront célébrées le lundi 05 janvier à 14h30 à Chevilly (94).
Encore une histoire unique... à l'image de Dieu...
François... petit, rond, discret voire secret, précis en toute chose, intelligent, perspi-cace et fiable.
Albert Firmin Jean-Marie naît en 1930 à Sérémange à côté de Fameck au cœur du Bassin Minier
Lorrain alors en pleine expansion. Jusqu'à l'âge de 30 ans, il travaille comme comptable dans
l'important groupe sidérurgique DE WENDEL.
Il entre alors au noviciat des frères à Piré après avoir vaincu bien des timidités et appréhensions. Il
prononce ses vœux en septembre 1960 puis arrive à Chevilly pour le Triennat. A la précision du
comptable, il va désormais ajouter celle du Menuisier Ébéniste à l'école du Frère UBALD.
En 1963, il est envoyé au Sénégal où pendant 7 ans il dirigera, à Rufisque, les Ate-liers de Formation
Professionnelle du diocèse de Dakar.
De 70 à 75, François aura la lourde charge d'Économe du Grand Séminaire Inter-diocésain de Dakar, à
Sébikhotane.
Après 1 an de repos-recyclage en France, on le retrouvera pendant 17 ans en Mauri-tanie. Il a 47 ans
et réussira assez bien son inculturation. Toujours : économat-Caritas- écoles. C'est grâce à sa foi
profonde, son calme, sa finesse de jugement, sa curiosité intellectuelle et culturelle que François
s'intégrera.
Las de ces services astreignants à la capitale, François réussit à se faire envoyer « dans le désert
», sur le Fleuve Sénégal, par Mgr Robert de Chevigny. Pas de chance : le dernier groupe
électrogène de la ville de Kaédi expire définitivement. François aura à vivre le mois de Mai avec ses 48°
à l'ombre sans réfrigérateur ni ventilateur. Il ne se fera pas trop prier pour remonter à Nouakchott, en
bord de mer, où il servira encore pendant 8 ans.
En 1994, il rentre définitivement en France avec une intention précise : s'occuper de jeunes dans
l'œuvre d'Auteuil. Il s'y préparera bien par une année d'études spé-cifiques et fera un travail apprécié
en aumônerie et pastorale à Orly, tout en résidant à Chevilly à partir de 1995.
François connaîtra un gros choc de santé à l'été 2008. Il passera plusieurs semaines en réanimation à
l'hôpital de la Pitié Salpêtrière. En novembre 2013, il est admis en gériatrie long séjour. Mais soumis à
des pathologies multiples, il ne fera que décli-ner. Le lei janvier 2014, à 8h du matin, à l'hôpital Paul
Brousse, il rend son souffle à Dieu.
Oui ! Encore une belle histoire de Spiritain ! Merci François
Paul GRASSER
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Fragments de mémoireconcernant Jean Ernoult
C’est au Congo/Brazzaville que j’ai commencé à connaître Jean Ernoult : comme procureur, il était plutôt chiffres ; j’arrivais de
France après plusieurs années d’enseignement : j’étais plutôt lettres. La paroisse de Kinkala dont j’étais censé tenir les
comptes avait eu l’audace de faire des dettes à la Procure diocésaine. Lors de l’un de mes passage à Brazzaville en 1976, sur
un ton comminatoire, Jean Ernoult me dit que cela n’était pas admissible, et m’intima l’ordre d’aller voir le cardinal Biayenda
pour régler ces dettes paroissiales, comme il était prévu. Le cardinal Biayenda n’étant pas un cardinal de curie, on pouvait le
rencontrer à tout moment sans rendez-vous. Ce que je fis sur le champ… Lorsqu’il m’entendit expliquer mon affaire et dire que
le P. Ernoult n’était pas content, le cardinal s’exclama : « Ah ! si le P. Ernoult le demande !… », et aussitôt il alla dans la pièce à
côté ouvrir son coffre et me ramena la somme demandée en espèces avec la consigne : « Allez vite porter cela au P. Ernoult !
»Jean Ernoult, surtout sous les chaleurs équatoriales, avait des poussées de colère qui pouvaient rendre hésitants les timides,
alors qu’il avait essentiellement un cœur d’or… ce qui est quand même important quand on s’occupe d’argent ! Je garde le
souvenir cuisant d’une partie dominicale de belote à la Maison Libermann en 1978, réunissant – si mes souvenirs sont bons –
Robert Metzger, René Charrier, Jean Ernoult et moi ; je n’avais pas pris le jeu assez au sérieux et cela avait déclenché un tel
éclat d’indignation de la part de Jean Ernoult à mon égard que, vexé, j’avais quitté la table en disant qu’on m’y reprendrait
plus, que jouer aux cartes ne m’intéressait absolument pas et qu’il n’avait qu’à chercher un quatrième ailleurs pour le rituel du
dimanche soir… Le lendemain matin, Jean Ernoult venait me trouver pour me proposer une nouvelle voiture, une « 2 CV » ! La
réconciliation fut immédiate, et notre entente allait se renforcer tout au long des années à venir, lorsque, moi comme lui, nous
nous sommes retrouvés en France unis par notre intérêt commun pour le Congo et pour l’histoire.Lorsque fut décidée en 1994
par Jean-Paul Hoch, provincial de France, la création d’une revue d’histoire spiritaine – baptisée Mémoire Spiritaine –, Jean
accepta de faire équipe avec moi, et nous avons formidablement bien travaillé ensemble. J’étais directeur de la publication, et
lui, administrateur. Et c’est vrai qu’il a fait un travail d’organisation remarquable. Mais il a fait bien plus. Je n’avais pas
d’ordinateur à l’époque et c’est lui qui mettait en pages numériquement les articles. Par ailleurs, il continuait ses propres
travaux historiques sur le Congo, la province spiritaine de France, la maison-mère, etc. Il relisait mes articles et nous en
écrivions certains à quatre mains, avec une technique que nous avions mise au point : il écrivait un premier texte rassemblant
tous les éléments, et des dix pages qu’il me fournissait j’en faisais vingt ! Il m’a d’ailleurs chaudement remercié de lui avoir
transmis tous les éléments techniques que j’avais appris à l’université sur la méthode et sur l’écriture historiques.z.Et puisque,
comme le dit un proverbe peul que le grand sage africain Amadou Hampaté Bâ aimait à citer : Toujours trop sérieux n’est pas
très sérieux, j’ajouterai que nous partagions tous les deux – en plus de notre intérêt pour tout ce qui touchait le Congo – une
véritable passion pour les bandes dessinées. Or, aussi rude qu’elle puisse paraître dans son abord, une personne qui aime les
bandes dessinées ne peut pas être foncièrement mauvaise !Paul CoulonChevilly, 29 janvier 2015
Le 27 janvier est décédé à Chevilly-Larue (94)
âgé de 92 ans
Le Père Jean, Etienne, Joseph ERNOULT
Né : 19 juillet 1923 à Lille (59)
Profès : 08 septembre 1946 à Cellule
Prêtre : 04 juillet 1948 à Chevilly
AFFECTATIONS : CONGO : Kibouende (1948-1953 ; école de moniteurs) ;
Brazzaville -Ouenze : (1953-1954 ; ministère) ; FRANCE : Lille (1954-1955 ;
propagande) ; CONGO : Ouenze (1955-1959 ; vicaire) ; Brazzaville-Evêché (1959-1960
; Procure diocésaine) ; FRANCE : (1960-1961 ; congés) CONGO : Voka (1961-1970 ;
vicaire puis responsable) ; Brazzaville (1970-1978 ; Procure spiritaine) ; FRANCE :
Allex (1978-1987 ; économe) ; Maison-mère - (1987-1993 ; économe provincial adjoint) ;
Maison-Mère (1993-2001 ; Archives provinciales) ; Chevilly (2001-2015 ; retraite)
Ses obsèques ont été célébrées le samedi 31 janvier 2015 à 11h à Chevilly-Larue (94)
Au moment de rédiger ces quelques mots, je me suis dit que Jean aurait pris soin de souligner
au préalable : « Ne nous perdons pas dans les détails ; allons à l'essentiel. »
C'était en effet pour lui un principe de clarté et d'efficacité qu'il a appliqué à son rythme de
vie, à sa gestion des comptes et à la rédaction d'articie5 livres variés. Dans ses chantiers de
tous ordres, il ne fallait pas attendre, il fallait faire vite et au mieux, laissant le loisir à sa place,
la dernière, quoique utile et nécessaire. Sans doute avait-il hérité cela de son tempérament et de
sa formation familiale et scolaire, mais aussi et certainement de sa réflexion et de son expérience
religieuse et missionnaire.
Jean était l'aîné de 10 enfants. Il avait l'esprit pratique et il était souvent de bon conseil. Son rôle
d'aîné, nous dit son frère Eugène, Jean le prenait au sérieux. Il était très orga-nisateur et inventif.
Dans un petit livret, sa maman avait rédigé une page sur chacun de ses enfants sur le thème du
feu et de la lumière. Voici ce qu'elle disait de Jean :
«Jean, notre aîné, est la plus grande joie de notre vie, et déjà choisi par Dieu. Une naissance,
c'est chaque fois un émerveillement, un petit miracle. Missionnaire, Jean donne à tous
l'exemple. W est loin, mais il nous éclaire et nous guide, on le sent uni à nous tous. On l'attend,
on le revoit de temps en temps. Il nous a si souvent conseillé, dépanné dans les cas difficiles
ficiles et les décisions à prendre. Jean était pour nous le phare qui guide et qui éclaire. »
Comme procureur, Jean était plutôt chiffres. A Brazzaville, à la Procure diocésaine u'il gérait
avec sa droiture et sa rigueur coutumières, puis à la Maison Libermann dont il fut e constructeur
et le gérant quand elle s'ouvrit. Il était direct, avec une certaine réserve frôlant le secret et une
froideur u'il fallait franchir pour découvrir son coeur très fraternel. Avec lui pas de biais ou de
manoeuvre, cela lui répugnait et lui valut quelques vifs affrontements dans ses rapports humains,
civils ou religieux. Mais ses poussées de colère qui. pouvaient rendre hésitants les timides, il avait
essentiellement un coeur d'or... ce qui est quand même important quand on s'occupe d'argent !
Parmi ses publications, on retiendra son Histoire de la Province de France et son His-toire des
spiritains au Congo de 1865 à nos jours, sans oublier ses multiples contribu-tions courtes et
discrètes dans la revue Mémoire spiritaine qu'il a fortement contribué à lancer et à gérer avec Paul
COULON.
Droit dans ses bottes, dans ses principes, dans son comportement, dans sa vie spiritaine et bien
sûr dans sa foi et sa charité, tel a été Jean avant qu'il n'entre dans sa longueas- sion qui le fit
rudement souffrir et le rendit presque transparent physiquement. Ce p qui ne l'empêchait pas de
continuer à manifester son affection plus par des actes que par des paroles. Cette délicate
attention pour ses proches se retrouve encore dans les cour-riers qu'il leur envoyait malgré ses
difficultés à écrire. Fidèle en amitié sans effusion outrancière, tu as été pour beaucoup un frère, un
ami et un maître.
Jean, il restera de toi ce que tu as semé. Ces dernières années ont été très éprouvantes pour toi.
Elles ont considérablement limité tes activités. Nous te disons au revoir, dans -attente de te
rejoindre auprès de Dieu et nous prions la Vierge Marie de te remercier au nom de ta famille, de
tes frères spiritains, de tes anciens élèves et de tous ceux à qui tu as dispensé ta science et ton
dévouement.
Paul COULON, René CHARRIER et Eugène ERNOULT