S E M I N A I R E   d e s  M I S S I O N S CHEVILLY-LARUE   (Val de Marne) Congrégation du Saint-Esprit (Spiritains) RETOUR RETOUR Le 16 octobre 2015 est décédé à Cachan (94) âgé de 90 ans Le Frère Jacques Xavier ZIEME Né : 06 mars 1925 à Pelletier  (Martinique 97) Profès : 12 septembre 1951 à Piré sur Seiche AFFECTATIONS : MARTINIQUE: Orphelinat de l’Espérance (1954-1987 ;  Surveillant général) ; FRANCE : Vence (1987-2005) ; Chevilly (2005-2015 ; retraite). Ses obsèques seront célébrées le mercredi 21 octobre 2015 à 14h30 à Chevilly- Larue (94)  Notre Frère Xavier Ziémé est né à la Martinique le 6 mars 1925, l’aîné d’une famille de 6 enfants, 5 garçons et 1 fille. Ses frères et sa sœur ont quitté ce monde avant lui ; il restait en relation épistolaire avec sa belle-sœur, qu’il aimait beaucoup, mais qui, malheureusement, n’a pas pu venir, en raison de son âge et d’une santé fragile. Il recevait des visites de temps en temps de sa cousine , ici présente parmi nous.  C’est à la Martinique, dans son pays natal, que j’ai d’abord connu Xavier. J’y étais  arrivé depuis cinq ans quand ses supérieurs l’ont envoyé s’occuper des enfants de « l’Espérance ». L’Espérance est une maison, située dans la banlieue de Fort-de-France, qui accueille, nourrit, éduque chrétiennement et prépare pour la vie,  professionnellement,  des enfants orphelins, défavorisés ou ayant connu l’extrême misère. Dans les années 1980, l’établissement a été rattaché à l’œuvre d’Auteuil, puis s’en est retiré. Depuis quelque temps, ai- je entendu dire, l’Espérance relève nouvellement d’Auteuil. Xavier ne pouvait que se réjouir de sa nomination, car il aimait les enfants et partageait leurs ébats avec plaisir. A cette époque, j’étais professeur au Séminaire-Collège Sainte-Marie, au centre de Fort-de-France ; malgré une distance assez grande, j’allais .parfois à l’Espérance, pour garder le contact avec les confrères au-delà du collège ou pour une autre raison. Souvent, je trouvais Frère Xavier au milieu d’une joyeuse bande en récréation. Curieusement, après quelques années, je ne le trouvais plus souriant que rarement.  Ses responsabilités étaient trop lourdes pour lui. Les pauvres enfants, longtemps malmenés par la vie, avaient trouvé une maison où l’on pouvait prendre du bon temps, ils n’étaient pas accoutumés à la discipline, certains d’entre eux  jouaient les meneurs de désordre. Frère Xavier était dépassé, il était déçu ; il devint même dépressif. Il faut dire que, depuis un certain temps déjà, Xavier avait tendance à la déprime. Il aimait rire et riait avec éclat, mais supportait très mal les aléas de la vie et il lui advint très tôt des épreuves excessivement lourdes à supporter : des deuils familiaux, parfois dans des circonstances tragiques. Il a été ébranlé fortement quand sa sœur est morte… Avec l’un de ses frères il était si fortement lié qu’on les appelait, en famille, Titi et Tité. Notre Frère Xavier était Tité. Dans une lettre datée de 2008, il signe Tité. Je pense qu’il a continué à signer ainsi quand il écrivait aux intimes de sa famille. Quelle tristesse ce dut être pour lui quand mourut Titi ! Et quel choc à son cerveau fragile ! Auprès des professeurs de l’Espérance, Xavier a laissé le souvenir d’un technicien compétent et d’un religieux qui faisait l’esprit sympathique de la maison. En 1974, j’ai quitté définitivement la Martinique, après 25 ans de présence ; Xavier est resté jusqu’en 1987. Pendant 21 ans, le contact entre nous deux est resté coupé. J’étais passé au Paraguay pour une nouvelle mission, nouvelle et bien différente. Cependant,  mon séjour au Paraguay a connu une coupure. J’ai dû revenir en France pour un temps, en 1995, pour le service d’une communauté de missionnaires spiritains et spiritaines, des Anciens et des malades, retraités mais non-dépendants, pouvant encore assurer quelque ministère. J’ai eu la joie de reprendre contact avec Xavier, qui se trouvait là depuis huit ans déjà. Il n’avait aucune charge particulière en cette maison. Il se signalait par sa piété, sa douceur et sa disponibilité à rendre toutes sortes de petits services. Même s‘il ne restait pas constamment dans un état de tristesse dépressive, sa santé mentale s’était notablement altérée. Par deux fois au moins, durant les trois ans que j’ai passés à Vence, suite à des crises aigües, il dut être hospitalisé en psychiatrie. Un jour, il paraissait profondément affecté ; il déclara qu’il venait de perdre un frère. Sœur Marthe Crabbé, en sa qualité de sœur et de médecin, surveillait attentivement nos santés, à Vence. Elle eut l’idée, cette fois-là, de téléphoner à  la Martinique ; aucun décès n’avait eu lieu récemment dans la famille de Xavier. Son esprit et son cœur avaient simplement reproduit la mort, passée depuis des années, de son Titi bien aimé. En 2010, troisième croisement de ma vie avec celle de Frère Xavier, quand je suis arrivé dans cette communauté de Chevilly. En le revoyant, ma première impression fut qu’il était guéri  ou presque. Toujours serviable, Il cherchait à se rendre utile, avec tout son cœur. Il était devenu le guide de notre confrère aveugle, Frédéric Boyer, qu’il conduisait à sa chambre, à la chapelle, à la salle-à-manger, et ne permettait pas  facilement qu’un autre prenne sa place. Il demandait des nouvelles de la santé de ses confrères. Il participait pieusement à la prière commune. En fait, il n’était pas guéri. On s’en rendit compte rapidement. Sa conversation était souvent incohérente, mais il ne fallait surtout pas le contredire, alors il insistait. C’est qu’il se rendait  pleinement compte de son égarement, mais il luttait contre sa propre pensée. Ses lettres sont révélatrices à ce sujet. En 2008, il écrivait déjà : « Il y a confusion dans ma tête ; j’ai cru un moment que ma grand’mère était morte ces jours-ci, elle est morte en 1975…Je mélange tout ». Il fit plusieurs séjours assez longs dans les hôpitaux de la région. Un jour soudain il eut  un accident cérébral, qui le rendit violent, dangereux pour lui-même et pour les autres. Il fallut se résigner à le placer définitivement hors de la communauté. Mais en aucune façon sans rapport avec ses confrères, car on le visitait chaque jour ou presque. Il recevait aussi la visite de nos sœurs, qui l’aimaient beaucoup, et il était accueilli, à Cachan, par une sœur de Saint Vincent de Paul, Sœur Marie-Pierre, qui l’a comblé de soin et d’affection pendant trois ans et demi, jusqu’à sa mort. Xavier, tu es resté attaché au Christ  pendant bien longtemps ; tu participes maintenant à sa résurrection, dans la gloire. Sœur Marie-Pierre va nous parler maintenant des derniers temps de notre Frère  Michel VACHERAND d